Editoriaux du secrétaire académique - 2010
RGPP : la logique du pire
(journal n°156 du 21 septembre 2010)
2010 marque l'accélération des mesures de fragilisation du service public, sous toutes ses formes, particulièrement
dans l'Education Nationale, notamment dans notre académie. Les enseignants ont droit, en la matière, à un
traitement de faveur. Que l'on prenne l'entrée dans le métier, en passant par le déroulement de carrière jusqu'au
départ en retraite, les atteintes sont multiples et ciblées. Ce qui est recherché c'est une logique de rupture
contre les acteurs du service public de l'Education Nationale.
En effet, si l'on veut bien se donner la peine de détailler les mesures prises on s'aperçoit que nos jeunes
collègues stagiaires de cette année sont placés dans la pire situation possible : formation réduite à sa
plus simple expression au regard de la complexité du métier à exercer.
Dans notre académie qui n'est pourtant pas la pire, l'empirisme et les horaires de formation à dose
homéopathique sont la règle : 16h de cours devant élèves et en responsabilité à assurer et quelques
regroupements de stagiaires certains vendredi de l'année scolaire. Inutile de parler ici de la difficulté
de trouver des tuteurs dont la mission apparaît d'ores et déjà compromises avant d'avoir commencé, ni des
possibilités plus limitées de mutation dans bon nombre de disciplines. Nos LP dans l'académie n'ont pas
été trop touchés cette année. Mais cette situation masque aussi la baisse du contingent de PLP nommés sur
mutation ou concours dans notre académie. C'est là le premier effet d'une logique d'économie à court terme
qui hypothèque l'avenir. Ainsi pour alléger la dette économique on creuse une énorme dette morale envers
les générations futures. Il s'agit à tout prix de démontrer que le service public est inefficace et servir
de justification au désengagement de l'Etat.
Mais cela ne s'arrête pas là pour autant. Même si nos jeunes collègues sortent indemnes de ce nouveau
système de formation ils subiront alors les réductions des moyens et la montée de l'individualisme qui vont
guider leur carrière. On s'en aperçoit d'ailleurs dans notre académie quand on prévoit 650 élèves de plus dans
la voie professionnelle et que parallèlement le nombre de postes de PLP diminue. On peut ajouter qu'à partir de
2012, c'est leur chef d'établissement qui décidera de leur avancement, renforçant à cette occasion le poids de
la hiérarchie et diminuant d'autant la liberté et l'autonomie nécessaire au bon exercice du métier d'enseignant.
C'est une logique de concurrence entre collègues qui prévaudra aux dépens de l'esprit d'équipe indispensable à
un enseignement professionnel public et laïque de qualité. C'est une véritable logique de privatisation du
système public d'enseignement qui se dessine, prenant au secteur privé tout ce qu'il a de pire (logique de
rendement à court terme) mais se gardant bien d'en distribuer les avantages salariaux qui en découlent.
Enfin si l'on veut bien y regarder de près le projet de réforme gouvernemental sur les retraites, va toucher
au coeur les enseignants qui pour nombre d'entre eux, devront attendre 67 ans avant de toucher une retraite à
taux plein ou bien pour d'autres 62 ans pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes, et ayant largement
leur total d'annuités, comme c'est le cas de nombreux PLP des disciplines professionnelles. Comment imaginer
que cela soit supportable. Nous voyons déjà cette année dans notre académie les effets dévastateurs d'une telle
politique sur nos collègues les plus âgés, à qui l'on impose en fin de carrière d'aller enseigner à plus de 200 km
de chez eux, sans égards pour leur état de santé ou leur vie familiale. C'est la logique du pire qui se met en route.
Angoulême, le 21 septembre 2010,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique
S'ouvrir pour ancrer nos valeurs
(journal n°155 du 1 juillet 2010)
Les quelques mois qui viennent de s'écouler ont été riches en évènements à l'intérieur du syndicat comme à
l'extérieur. Cette période intense a permis de souder l'équipe académique et de mesurer votre large
adhésion à la politique qu'elle défend aux cotés des instances nationales. Vous avez su nous donner
l'énergie nécessaire pour préserver l'unité du SNETAA et le faire reconnaitre comme partenaire
incontournable, dans les différentes instances, en nous informant régulièrement de l'application, dans
vos établissements, de la rénovation de la voie professionnelle. Soyez en remerciés ! Nous devons maintenant
utiliser cette dynamique pour réussir la recomposition syndicale qui s'annonce. Vous êtes invités à vous
prononcer sur les orientations préparées lors du dernier congrès national à Bussang. Nous vous proposons
de poursuivre la voie tracée lors des élections internes du SNETAA, en décembre 2009, en soutenant l'ouverture
de notre syndicat en direction de la Fédération Nationale de l'Enseignement et de la Culture Force Ouvrière.
Ce rapprochement, testé lors de la grande manifestation parisienne du 15 juin, où trente collègues de l'académie
de Poitiers étaient présents au milieu des 70000 manifestants, va nous permettre d'élargir notre audience au
sein de notre nouvelle fédération et de diffuser nos valeurs aux cotés de ceux qui la partagent : laïcité,
indépendance et spécificité de la voie professionnelle. Cette future alliance doit aussi nous amener, dans
le cadre de la nouvelle loi sur la représentativité syndicale à devenir un interlocuteur incontournable dans
les prochains Comités Techniques, seules instances dans lesquelles se prendront désormais les décisions importantes.
L'année qui s'annonce sera donc aussi riche en évènements que celle qui vient de s'écouler avec des enjeux forts :
poursuite du combat de la rénovation professionnelle, représentativité syndicale, élections dans les nouveaux
Comités Techniques et luttes contre la réforme des retraites, telle qu'elle est proposée par le gouvernement.
Nous devons relever ces quatre principaux défis, notre existence, le respect de nos valeurs et la défense de nos
mandats en dépendent. Il s'agit pour nous de s'ouvrir pour ancrer nos valeurs. Nous savons pouvoir compter sur
vous dès la rentrée, comme vous pouvez compter sur le dévouement et la vigilance de toute l'équipe académique
dès septembre mais aussi durant la période estivale. Nous vous remercions ,une fois de plus, pour tout le
soutien que vous nous avez apporté durant cette année scolaire. Bonnes vacances bien méritées à tous.
Angoulême, le 1 juillet 2010,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique
Choisir pour exister et faire vivre nos valeurs
(journal n°154 du 1 mars 2010)
Ne nous y trompons pas l'année 2010 constitue un véritable tournant pour le SNETAA. Elle va décider de notre
existence et de notre représentativité dans le cadre fixé par les accords de Bercy sur la représentativité
syndicale. Notre académie doit participer activement aux choix qui seront fait et mandater ses représentants
au congrès national pour soutenir ces choix. Ceux-ci ne seront évidemment pas neutres et conditionneront notre
représentativité syndicale au plan national mais aussi académique. Notre congrès du 30 mars devra prolonger les
débats que nous avons déjà eus de manière informelle depuis de nombreux mois. Notre choix devra cependant être
guidé par nos valeurs : le maintien de notre indépendance syndicale qui doit nous conduire vers une structure
en accord avec nos mandats de congrès nationaux ; l'affirmation de la laïcité ; le refus de l'apprentissage
avant une première qualification, faute de quoi notre disparition est inévitable ; enfin l'affirmation d'une
véritable spécificité de la voie professionnelle initiale publique et laïque.
Nous savons au SNETAA que notre fédération (e.i.L) s'est adressée dans cette esprit en juin 2009 aux autres
Fédérations de l'Education Nationale. Seule l'une d'entre elle a répondu, écrivant qu'elle partageait notre
analyse et nos inquiétudes. Est-ce un hasard, mais elle ne fait pas partie des signataires de Bercy 2008 ?
Ce n'est qu'à ces conditions que nous accepterons de nous associer à d'autres, pour continuer de défendre
et promouvoir la voie professionnelle que nous considérons comme une voie de la réussite pour de nombreux
élèves. Donnons-nous les moyens de cette ambition en effectuant le bon choix. Nous devons pour y parvenir,
nous interroger sur les motivations des 6 signataires des accords de Bercy, pour qui l'élimination des petits
syndicats représente à terme une manne financière supplémentaire et une occasion de faire taire les oppositions
à la pensée unique, notamment lorsque que le SNETAA combat l'introduction massive de l'apprentissage dans
l'Education Nationale.
Plus que jamais pour exister et faire vivre nos valeurs : ni syndicalisme d'accompagnement ni syndicalisme
de refus, mais un syndicalisme revendicatif et responsable !
Angoulême, le 1 mars 2010,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique