Editoriaux du secrétaire académique - 2013
Communiquer pour résister
(journal n°166 du 3 mars 2013)
L’avenir de l’enseignement professionnel initial public et laïque va se jouer à partir du 11 mars au parlement.
C’est en effet à cette date que la loi sur la refondation de l’école sera présentée. Le SNETAA-FO a déjà
largement communiqué sur l’aspect destructeur de ce projet pour l’avenir des lycées professionnels et de la
formation initiale publique sous statut scolaire. Il convient cependant de rappeler les principales
dispositions que nous combattons et qui nous mène tout droit à la territorialisation de la formation
professionnelle et de ses personnels. La carte des formations initiales sous statut scolaire confiée à la
région, qui a déjà la main sur la formation continue, conduirait inéluctablement à l’éclatement du cadre
national des formations et des diplômes. Les intérêts locaux seraient privilégiés au détriment de l’égalité
d’accès à la formation et aux diplômes sur l’ensemble du territoire national. Les choix de formation des
jeunes aujourd’hui guidés par la proximité de l’offre pourraient se réduire aux besoins de l’entreprise
locale la plus proche, promettant embauches ou contrats d’apprentissage. Est-ce cela l’avenir des jeunes qui
s’orienteront vers la voie professionnelle ? Où est l’ambition républicaine qui prône l’élévation du niveau
des qualifications et la formation du citoyen ? Se dirige-t-on vers une école à deux vitesses selon la
situation sociale et le lieu de vie ? Pour le SNETAA FO cette vision de l’avenir pour nos jeunes est
régressive et met à bas les conquêtes sociales et syndicales obtenues ces dernières décennies. Accepter
cette réforme c’est aussi renoncer à ce que le service d’Éducation Nationale qui forme aussi les jeunes
à l’esprit critique, à la liberté de conscience, disparaisse, à terme, avec la régionalisation.
La voie professionnelle, voie spécifique de réussite à égale dignité avec les autres voies seraient
abandonnée et se réduirait à un outil d’ajustement économique annonciateur d’aggravation des conditions
de travail pour les PLP. En effet, qui peut penser sérieusement que l’introduction massive dans nos LP
de l’apprentissage par le biais de la mixité des publics et des parcours pourrait être de nature à faciliter
la tâche des enseignants et donner plus de temps à chaque élève. Pour la région, dans un cadre économique
contraint, les économies sont toutes trouvées. Ceux qui pensent que l’enseignement en apprentissage payé
en heures supplémentaires se poursuivra avec la territorialisation de l’enseignement professionnel en
seront surement pour leurs frais. Il ne sera alors plus temps de refuser ces heures au motif qu’elles font
partie du service.
Enfin l’annonce ministérielle du lycée polyvalent ou les trois voies générale, technologiques et
professionnelle seraient mêlées revient à mettre en place le lycée unique après l’échec retentissant du
collège unique. L’abandon de la spécificité de la voie professionnelle c’est le retour à l’échec pour de
nombreux jeunes qui trouvent aujourd’hui dans la voie professionnelle initiale publique les outils de la
réussite et de l’insertion sociale. Nous ne pouvons pas nous taire face à de telles propositions. Nous
devons après le 23 janvier et le 12 mars poursuivre notre travail d’information et d’argumentation auprès
des collègues et de tous nos amis et proches pour qu’ils nous soutiennent dans notre combat contre ce projet
de loi. La communication en ces circonstances est un enjeu essentiel. Nous ne pourrons pas gagner
sans médiatiser notre combat.
L’équipe académique a rencontré ou rencontrera de nombreux élus avant l’examen du projet de loi, mais
son travail ne pourra être vraiment efficace que si les positions du SNETAA FO sont reprises dans nos
établissements et au-delà. Les valeurs de l’école que nous défendons sont celles héritées du Conseil
National de la Résistance, fondatrices d’une république laïque, solidaire et égalitaire à laquelle le
SNETAA FO et ses adhérents sont attachés. Nous devons les défendre et savoir communiquer pour résister.
Angoulême, le 2 octobre 2014,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique
Quand refondation rime avec destruction et dénaturation
(journal n°165 du 13 janvier 2013)
Chacun d’entre vous le sait, une des raisons d’être au SNETAA est de défendre le modèle de la formation professionnelle
initiale publique sous statut scolaire. Ce combat a permis de préserver une voie originale, unique en Europe et
enviée par nos collègues européens ainsi que par les jeunes et leurs familles qui souffrent aujourd’hui des excès du
modèle libéral. Nous devons, comme ceux qui ont lutté avant nous pour préserver dans notre pays ce droit à la
formation professionnelle, pour les jeunes de notre pays et leur famille, dire non au projet du gouvernement pour
l’enseignement professionnel initial public. Si nous ne faisions rien pour manifester notre opposition à l’introduction
massive de l’apprentissage au sein de nos lycées par le biais de la mise en place de campus des métiers, non seulement
nous verrions très rapidement nos conditions de travail continuer à se dégrader, mais nous cautionnerions aussi la
liquidation d’une voie de formation professionnelle qui respecte les valeurs de laïcité, d’indépendance et qui a
permis à de nombreux jeunes de trouver leur place dans notre société à la fois comme travailleurs et comme citoyens
libres et éclairés.
C’est pourquoi nous devons nous mobiliser massivement le 23 janvier lors de l’examen du projet de loi sur la
refondation de l’école qui contient ces dispositions néfastes et qui ne recueille pas le soutien de la majorité
des organisations syndicales représentatives des personnels. Chacun au sein de son établissement, ce jour-là, doit
dire non au projet du gouvernement : non à une seconde de détermination professionnelle, non à la transformation
de nos LP en campus des métiers, non au transfert de la carte des formations à la Région, non à la dégradation de
nos conditions de travail, non à la territorialisation de l’Enseignement Professionnel et encore non à la transformation
de nos élèves en main d’œuvre captive du patronat. Chaque PLP adhérent du SNETAA doit défendre notre modèle actuel de
formation professionnelle dans nos Lycées Professionnels, affirmer son opposition au projet de réforme ministériel qui
dénaturerait notre enseignement et détruirait le modèle de formation professionnelle patiemment mis en place depuis
la fin de la seconde guerre mondiale.
Pour cela je vous invite tous à soutenir massivement le mouvement de grève lancé par le SNETAA FO le mercredi
23 janvier 2013 et à participer aux actions qui auront lieu ce jour là.
Angoulême, le 13 janvier 2013,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique