Chacun peut mesurer en ce début d’année les difficultés à exercer son métier de PLP au sein de nos Lycées Professionnels,
SEP, SEGPA, EREA. Le défi n’est certes pas nouveau pour les plus anciens d’entre nous. La rénovation de 2007 est
cependant loin de tout expliquer. Certains syndicats en font aujourd’hui leur principal élément de campagne dans l’optique
des prochaines élections professionnelles. C’est un raisonnement à courte vue et courte mémoire qui oublie de nombreux
éléments pourtant fondamentaux pour comprendre notre situation actuelle.
Pour le SNETAA FO c’est une logique conduite par tous les gouvernements qui se sont succédés depuis une trentaine
d’années qui ont mis en péril l’avenir des lycées professionnels. Il en va ainsi du discours sur l’apprentissage qui
sous prétexte de répondre à la demande des élèves et des familles ne vise qu’à diminuer le coût de la formation et à
répondre à des clientélismes locaux. Offrir un choix de formation professionnelle initiale et de qualité sur tout le
territoire national est une ambition qui est peu à peu abandonnée par l’Etat qui se désengage. Il devient ainsi très difficile
aujourd’hui d’obtenir dans notre académie l’ouverture de nouvelles filières en formation initiale au sein de nos lycées professionnels.
À contrario, les ouvertures en apprentissage n’ont jamais été aussi nombreuses. Le choix de l’actuel gouvernement pour
ce type de formation est clairement affiché dans la circulaire de rentrée qui préconise la mixité de public au sein des LP.
Et cela serait sensé faire baisser le chômage des jeunes ! Qui compte-t-on convaincre ? Si l’on y ajoute la modification de
notre statut avec la réforme Peillon, on peut légitimement affirmer que la dégradation de nos conditions de travail va continuer.
Mais l’apprentissage massif notamment dans notre académie n’est pas la seule explication à nos difficultés actuelles. Le public
de nos classes a changé. Le choix d’une orientation massive vers les secondes générales et technologiques a transformé nos
secondes professionnelles en second choix. C’est un élément qui participe à la déprofessionnalisation de la seconde professionnelle
et réduit de fait, la formation du bac professionnel à deux années ! C’est sans doute ce que cherchent, sans le dire d’autres
organisations syndicales.
Nous nous voyons attribuer le rôle d’amortisseur de l’échec scolaire, alors que tous les discours parlent de reconnaissance
de la filière professionnelle. Il y a un abîme entre les mots et la réalité. Les limites de ces choix sont atteintes lorsqu’en
fin de seconde générale les demandes de passerelles vers une première professionnelle se multiplient. Il est souvent malheureusement
trop tard pour ces élèves victimes des choix d’orientation tardifs. Heureusement pour nos Lycées professionnels quelques filières
sont encore préservées. Mais pour combien de temps encore ?
Ce que le SNETAA FO réclame depuis longtemps c’est une véritable politique d’orientation vers nos filières professionnelles.
C’est la reconnaissance d’un véritable parcours professionnel pour nos élèves du CAP au BTS, au sein de nos établissements. Ce n’est
en aucun cas la mise en place de campus des métiers, véritable fourre-tout de formations mélangeant tous les publics et tous les
statuts d’enseignants. Le corps unique est préconisé par certains syndicats ; le SNETAA FO n’en veut pas. Il revendique la spécificité
du corps des PLP et des missions liées au public d’élèves pour lequel ils ont été formés.
Le SNETAA FO revendique des établissements spécifiques et non des établissements polyvalents. C’est l’intérêt des jeunes qui y
sont scolarisés, pour qu’ils s’y sentent bien et valorisés. L’abrogation des décrets de 1950 et la transformation du statut des PLP
ne va pas dans ce sens. Le soutien passif (« abstention positive » aurait dit le Ministre) de la FSU, fédération majoritaire, lors
du vote sur la transformation du statut des enseignants au comité technique ministériel enclenche la logique du corps unique et nie
la spécificité de la voie professionnelle publique et laïque. D’autres syndicats de la voie professionnelle, autres que le SNETAA FO,
se sont prononcés contre, notamment la CGT et le SNUEP. Dès lors, comment expliquer dans notre académie l’alliance CGT (contre) FSU
(abstention), sachant que de réelles divergences existent au niveau national ?
Le SNETAA FO a, lui, fait le choix de la cohérence et non d’une alliance de circonstances. Au sein de la FNEC FP FO nous sommes
pour le respect des corps et des missions. Le rassemblement des syndicats de notre fédération s’est fait autour d’idées et de valeurs
communes, notamment celle de l’indépendance à l’égard du pouvoir politique, et avec le soutien répété de la Confédération Force Ouvrière,
notamment de son Secrétaire Général Jean-Claude Mailly. C’est pourquoi nous n’avons pas accompagné l’actuel gouvernement dans ses réformes
de la même manière que nous n’avons pas, contrairement à d’autres organisations syndicales, appelé au soutien d’un candidat à la
présidentielle de 2012. Nous en connaissons les résultats aujourd’hui. Enfin, pour terminer, il est bon de rappeler que le SNETAA FO
est aujourd’hui le 1er au niveau national dans son secteur et que dans l’académie il représente près de 40% des voix aux dernières
élections professionnelles
Le SNETAA reste la force indépendante la plus efficace pour la défense des personnels Enseignants et d’Education, PLP, CPE,
Contractuels Enseignants et d’Education.
Angoulême, le 2 octobre 2014,
Henri Lalouette, Secrétaire Académique