A première vue le projet de réforme de la formation initiale des enseignants n’est qu’une réforme de plus. Cependant,
si l’on regarde de plus près, elle pourrait impacter les PLP et surtout leur statut particulier.
Alors pour rappel : avec le système de l’IUFM, Enseignement Professionnel et général confondus, les étudiants
avaient besoin d’une licence disciplinaire pour passer le concours. L’année suivante, selon qu’ils avaient passé
l’interne ou l’externe ils étaient sur un poste de 18 h ou de 9 h et participaient à des formations disciplinaires
ou pluridisciplinaires.
Depuis 5 ans, après la licence, pour pouvoir se présenter au concours, il fallait intégrer le Master MEEF. La
difficulté étant que si les étudiants rataient le concours, aucun autre débouché ne s’ouvraient à eux. Ajouté
à cela un faible salaire, même avec la revalorisation de début de carrière et des conditions de travail dégradées,
le tout faisait que le recrutement était de plus en plus difficile. Sans parler de la diminution du nombre de postes
ouverts. Aujourd’hui, la ministre en titre et le premier ministre terminent de ficeler une réforme avec le retour
du concours à la fin de la licence, puis deux années dans les nouvelles ENSP (
Ecole Normale Supérieure du Professorat)
pour obtenir le master et découvrir par saupoudrage l’univers de la classe (1 journée et demie d’observation
hebdomadaire en 1 ère année et 2 jours en responsabilité la seconde année).
Pourquoi pas. Mais le projet semble faire une seule distinction : la formation des PE et celle des enseignants
du second degré, sans distinction CAPES, CAPET et PLP.
Si on associe cela à l’engouement de certaines organisations syndicales pour le corps unique, il pourrait n’y
avoir qu’un pas pour que le PLP perde son statut :
le statut particulier des PLP et donc, sa spécificité.
Alors que la bivalence des disciplines d’Enseignement Général, est l’essence même de la pédagogie spécifique ;
celle qui fait que les élèves que nous accueillons en EREA, SEGPA, SEP ou LP, retrouvent un sens à l’enseignement
qu’ils reçoivent. C’est cette pédagogie qu’il nous faut défendre afin qu’elle permette de réaliser la double
finalité de nos enseignements : préparation du diplôme en cours et préparation de la poursuite d’études.
Le PEGC, dont le statut revient dans les discours, devait exceller dans deux disciplines alors que le PLP doit
exceller dans sa capacité à faire le lien à la fois entre ses valences d’enseignement général mais aussi et surtout
tisser au quotidien la toile avec l’Enseignement Professionnel. Ainsi, l’élève qui lui est confié, saisit l’entièreté
de la formation et l’importance des ramifications entre les disciplines, comme dans la vraie vie afin d’appréhender
le monde qui l’entoure.
C’est pourquoi, au SNETAA, nous travaillons pour rappeler que notre bivalence n’est pas celle du PEGC. Que
l’interdisciplinarité, c’est la richesse de notre pédagogie et l’intérêt de notre statut particulier. C’est ce
que nous avons défendu au niveau ministériel, lors de l’audience auprès du nouveau haut-commissaire, et ce que
nous rappellerons au niveau académique, lors de l’audience que nous allons demander.
C’est par une syndicalisation forte et des informations qui circulent de manière fluide (site académique, journal,
WhatsApp, visio, mails et contacts quotidiens dans les établissements) que le SNETAA, 1er syndicat de l’Enseignement
Professionnel sous statut scolaire, fait entendre sa voix.
Pour notre avenir restons mobilisés, informons et syndiquons.
La Rochelle le 9 avril 2024,
Bénédicte MOULIN, Secrétaire Académique SNETAA FO